Le deuil est un boulot ingrat

Le deuil est un boulot ingrat…

Écrit en 2016. Plus que jamais d’actualité. Hélas.

C’est sidérant le nombre d’assertions contradictoires sur ce que l’on appelle communément le « travail du deuil ».

Déjà, tu parles d’un boulot.
Pas de convention collective dans ce domaine-là.
C’est un métier à risques, pourtant : on pourrait se tuer à la tâche. Haha.

Hey-ho, hey-ho, on rentre du boulot…
— Moi ? J’y bosse à plein temps, c’est même abrutissant.
— Moi ? C’est du temps partiel : j’y pense et puis j’oublie.
— Moi ?  Je suis contre les heures supplémentaires :  j’ai tourné la page.
— Moi ? Je m’interdis d’en parler : de fait je bosse au black.

Et moi, émoi, qui suis la loi du moindre effort, la seule idée de travail me rebute et me bute. Morte de rire. Haha bis. Oh, mais dites, on peut être triste et avoir envie de rigoler quand même ! Ce n’est pas incompatible. Enfin, pour moi en tout cas, ça ne l’est pas.

Certains t’affirment tout de go qu’un deuil dure deux à trois ans.
Encore assez bête ai-je été pour les croire.

D’autres assurément te rassurent en t’assurant que ta plaie saignera tout le temps qu’il te reste à vivre, mon nenfant, car chacun porte sa croix.
Vision doloristocacatho que j’exècre.

Il y a ceux qui coupent court et brutalement, on pourrait dire chirurgicalement : les larmes et l’émotion, ils ne supportent pas, qu’on ne les incommode pas avec ça.
C’est clair et net, et tu peux coller ton petit mouchoir là-dessus.

Il y a ceux qui temporisent en psalmodiant que le temps panse toute blessure.
J’attends de pied ferme, et cloquent mes ampoules.

Mais le temps, tu sais bien, le temps est capital…
Capital, bien sûr, dit la charade à tiroirs – j’adoOore les charades à tiroirs : t’en fais pas, rockfeller, méphistophélès, et reste l’i comme inconsolable parce que confetti.

L’humour, ça j’en suis sûre, ô oui, ça aide aussi.

~ Décembre 2016


[Crédit photos : Pixabay]

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