Comment il va, et vient

Ces temps-ci je dirais qu’il m’a l’air d’aller bien, mieux en tous cas que ces jours derniers où il avait pris ses distances.

Que voulez-vous, il est tellement indépendant, très-très influençable, fluctuant. Faudrait-il dire instable ? Tout de suite les grands mots. Je le sais fragile et même vulnérable, mais il a ses raisons, des raisons que je connais bien, depuis le temps qu’il va et vient.

Je m’efforce d’être compréhensive. Gentille aussi. Car si je suis trop exigeante avec lui, j’en subirai les conséquences, de plein fouet.

Il s’absente souvent. J’en ai pris l’habitude et cessé de m’inquiéter de ses sautes d’humeur. Si dure soit sa peine, je sais qu’elle ne dure pas.

Quand il me fait défaut, je patiente. Oh, j’ai tout plein d’ersatz… Un des plus efficaces, le croirez-vous, c’est de donner le change car tout le monde me le rend – je suis très généreuse à ce petit jeu-là pour lequel j’ai développé une habileté certaine.

Quand il est au plus bas, j’essaie de le consoler. Mais rien n’y fait. Il a ce côté terriblement entêté qui le caractérise. J’en connais que cela exaspère. Qui se moquent et fustigent ou m’accablent de recommandations que je n’ai pas sollicitées, de conseils voire d’injonctions qui ne m’aideront certes pas à gérer notre relation difficultueuse.

Entre lui et moi, c’est une histoire très exclusive.

Alors je patiente. Oui, je patiente. Depuis le temps, je sais que c’est la seule solution. Celle qui du moins nous convient.

Et, quand il me revient, je suis au bonheur. Tout m’est fête car alors s’amplifie pour moi en long, en large et en profondeur la palette des émotions, celles qui ensoleillent ma vie d’une intensité jubilatoire – ah, il sait comment s’y prendre, ce coquin-là, et continuer de me surprendre.

Sur la durée je me suis attachée, il a tellement de charme. Alors je l’entretiens très amoureusement car je sais bien qu’au fond il m’est fidèle, mon moral.

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