Guacamole surréaliste ou hyperréaliste ?

Dans le métro, une minette – probablement lycéenne, je l’entends parler de Fénelon – planifie sa soirée au téléphone sans se soucier de ses voisins qui, de toute façon, chacun le nez sur son portable, ne semblent pas l’écouter.

Moi, vous pensez bien, je ne perds pas une de ses intonations.
Et je la regarde, la minette, je la regarde. Pas sous le nez, quand même. Je suis une personne bien élevée. Il faut savoir réserve garder, sur son quant-à-soi parfois rester.

Elle est tout à fait mignonne, cette minette-là. Elle parle un peu fort, mais bon, pas de quoi fouetter la queue d’un chat.

Et puis , si je voulais être tranquille, je ferais comme tous les autres, n’est-ce pas ? Écouteurs aux oreilles et regard vague, perdu sur la ligne bleue des Vosges – je sais, je sais, dans le métro la vue ne porte pas si loin, mais enfin vous voyez l’idée.
Mais non, moi je préfère de beaucoup écouter et observer les gens. Oui, les observer, et puis les écouter.
C’est souvent marrant. Parfois surprenant.

— Bah, c’est les garçons qui ramènent l’alcool, on a dit. Et toi, tu ramènes quoi ? Kestudis ? … du gggggua-ca-mole ? Non mais, t’es folle ? Mais non ! Ah bah, trop pas. Mais trop pas, j’te dis ! Faut kekchoz de plus léger. Bah si, hein. Tu vois pas, toi. Quoi ? Bah eh ! Si on dégueule, ça va pas le faire. T’as déjà dégueulé du guacamole, toi ? Bah c’est dégueulasse !

Bah moi… j’ai été proprement sidérée.
Ça m’apprendra à écouter les conversations qui ne me sont pas destinées.

Bah voilà.

Paris, juin 2010

[Crédit image : Pixabay]