Mais quelle quiche !
Si longtemps je me suis traitée de quiche.
Quiche, oui, mais quelle quiche ?
Quiche lorraine, quiche alsacienne ?
Non, non, quiche parisienne, puis quiche normande.
Et toujours quiche fous-y-tout selon notre traditionnelle recette familiale de fin de semaine.
Quiche aussi, comme ces merveilleuses « salées » puisqu’ainsi ils les appellent (à prononcer avec l’accent vaudois, en accentuant le ééééé), qu’à Vevey à La Grenette avec le p’tit verre de fendant le dimanche au sortir de la messe on nous offrait si gentiiiiimeeeeent.
Ainsi charmés nous remontions à Charmontey, un peu de traviole il est vrai et ça n’était pas dû aux salées. Depuis, chaque fois que je dis que j’ai une descente que la plupart des gens ont du mal à remonter à pied, je repense à ce chemin-là, pavé, qui montait, montait, et à nous deux, Steph et moi, qui n’en pouvions plus. De rigolade.
— Mais arrête, enfin ! Je vais tomber.
— Ouais ben gaffe-toi : si tu tombes, tu déraboules tout.
Et moi de rire encore plus.
Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.
Quelle quiche !
Saveur tendre des souvenirs choisis.
Saveur épicée de colère poivrée, bien relevée de rancœur rentrée.
Saveur adoucie par les larmes, de rire bien souvent – Jacky Laquiche et ses lardons que nous faisions allègrement revenir sur le gril de nos moqueries.
Non mais quelle quiche…
Dire que j’ai failli faire breveter l’appellation Conne Désastreuse.
Dire que j’ai failli finir par m’en laisser convaincre.
Mais de fin il n’est pas question. Pas tout de suite, pas déjà.
Car j’apprends vite – et même très vite, semble-t-il – y compris de mes erreurs.
Quiche, certes, mais quiche agile !
Quiche oublieuse, de plus en plus souvent.
Ce qui n’est pas forcément un inconvénient.
PS : Et surtout, surtout ne l’oublions jamais : « On peut parler de tourte, mais pas avec n’importe quiche. »
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