Dormir en famille
« Grâce à ce grand lit convivial, vous allez pouvoir dormir en famille. Toute votre famille peut tenir sur cet immense matelas de plus de trois mètres ! »
Sérieusement ?
Je vois passer cette publicité qui me laisse perplexe, amusée, songeuse.
Evidemment mon imagination, parfois débridée, s’envole.
Un lit large assez pour les sept filles de l’Ogre allonger ?
Mais quelle horreur !
Il paraît qu’il y a des familles qui pratiquent le cosleeping, sommeil partagé ou cododo… Très peu pour moi qui ai trois fils. Je ne veux pas de tous mes hommes dans mon lit.
Ils ronflent, merci bien.
Un seul me suffit.
Et puis… et puis ça peut s’avérer gênant, de dormir en famille !
La promiscuité, tout ça.
Anecdote.
Un jour, une nuit plutôt, j’ai dormi chez un de mes fils, tout jeune adulte.
Avec lui.
Dans son lit, je veux dire.
Parce qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement. Studio d’étudiant, minuscule, un lit double, pas de baignoire (!).
J’avais dit que ça ne me dérangeait pas et que nous pouvions très bien dormir dans le même lit, et je le pensais en plus. En général je pense ce que je dis et je dis ce que je pense.
Pourtant j’ai le souvenir – déplaisant – d’avoir une nuit dormi dans le même lit que mon père, alors que j’étais adolescente, et cela m’avait véritablement gênée. Mes deux petites sœurs dormaient dans le lit d’à côté. C’était une chambre d’hôtel à deux lits doubles. En Allemagne, je me rappelle. Nous allions en Suède en faisant avec Papa un beau voyage en voiture et Maman devait nous rejoindre directement là-bas en avion avec la petite dernière.
Bref (j’adore ce mot), je trouvais que Papa aurait dû demander à la plus jeune de ses filles présentes de dormir dans le même lit que lui et non à moi, l’aînée.
Seulement… comment faire valoir mon avis ?
Il avait bien fallu que j’écrase.
Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.
Alors, pour en revenir à cette nuit avec mon fils, nous nous sommes donc endormis chacun de notre côté en laissant dans le lit un grrrrrand espace de décence entre nous deux.
Au petit matin, je n’entrerai pas dans des détails qu’on ne me demande pas ici, mais il se trouve qu’à un moment le jeune homme se retourne, son pied entre inopinément en contact avec le mien et le voilà qui, du bout de son orteil, commence à me chatouiller la cheville, puis le mollet.
Là, je suis prise d’un fou-rire irrépressible.
Fou-rire qui évidemment le réveille.
Et au moment où il réalise que dans son lit c’est mouah… sa mè-è-reuh !! … gosh !! … il fait un de ces sauts de carpe !!
Ensuite il ne bouge plus du tout.
Silence radio.
On aurait entendu une mouche voler.
Alors, parce qu’il faut bien que quelqu’un dise quelque chose, je me dévoue :
— Oh, écoute, ce n’est pas grave. La prochaine fois on mettra un traversin entre nous, et puis voilà.
Et lui de rétorquer aussitôt, sur un ton, mais un ton carrément glacial :
— Ah bah non, c’est tout vu, Mom, il n’y aura pas de prochaine fois.
Et là, j’ai réalisé que si, moi, j’avais trouvé l’épisode comique, lui n’était pas ravi, mais alors pas ravi du tout.
En fait, il était super gêné.
J’ai bien conscience de ce que ce n’est pas un sujet facile.
Je veux dire qu’une mère voit toujours ses fils comme ses enfants, bien qu’ils grandissent et deviennent des hommes, ma foi, des plus appétissants (ben oui, quoi, je suis capable d’être objective !), alors que les mêmes fils, en grandissant, peuvent porter en certaines circonstances un regard différent sur leur môman.
Et que cela les gêne, je veux bien le comprendre.
[Credit image : Pixabay]
Et depuis, il t’a reparlé de cet épisode ? Je la trouve mignonne sa réaction. Il y a là un mélange de pudeur et de respect pour sa maman (aussi grand soit-il).
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Bien sûr qu’il arrive que nous en reparlions, surtout à table quand nous rappelons tel ou tel souvenir – sujets récurrents dans les réunions de famille – et chaque fois il rigole en levant les yeux au ciel et en plussoyant sur le fait qu’effectivement c’était… ben, gênant, quoi ! 😅😂😉
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