Allées et venues

Au long de ces allées, près de ces avenues, où beaucoup sont allés et bien peu revenus, à deux mains je l’ai pris, mon courage avec moi, pour aller voir là-bas si c’était mieux qu’ici.

Pas venue pour des prunes, sans chercher j’ai trouvé. J’étais bien arrivée, bienvenue tout autant, mais c’était mal parti, je n’en revenais pas. À moi ça arrivait, je ne m’y voyais pas, ne m’y retrouvais pas : j’étais un peu perdue pour ne pas dire paumée.

L’enjeu n’était pas clair. J’ai fait le nécessaire. L’avoir bien fait, j’espère. Je crois avoir rendu ce qui me fut offert. J’aurais pu y rester mais j’en suis revenue. Il est de ces affaires, tout bien considéré, où rien n’est gagné. Et j’aurais pu m’y perdre, et tout perdre à la fois.

L’herbe n’est pas plus verte en de lointains ailleurs. Elle croit bien plus belle là où l’on prend soin d’elle. Je suis donc revenue car c’était convenu. Je repars du bon pied arpenter mes allées, car le temps est venu de se laisser aller à la douceur de vivre, au bonheur d’exister.

Gustav Klimt (1862-1918) – Forêt de pins, 1902

Ce tableau de Gustav Klimt, un de mes peintres préférés, je l’ai découvert directement avec la toile originale, en 2005 ou 2006, lors de l’exposition « Vienne 1900 –Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka ». Je ne pense pas que ce soit un des plus connus de l’artiste. Toujours est-il qu’il m’a fascinée. J’y ai discerné la possibilité d’une allée et venue entre l’étouffante densité des troncs, tous identiques ou presque. J’ai noté la présence des quelques fleurs qui viennent, autant de taches blanches, éclairer le sol tapissé de verdure et, tout au fond du tableau, l’attraction lumineuse de trois étoiles brillantes qui accrochent le regard, donnant toute sa perspective à la composition. Sur le tableau c’est d’une évidence qui m’a frappée. Sur sa reproduction ici photographiée, c’est peut-être moins visible. J’en conserve, allez savoir pourquoi, une impression particulièrement prégnante.

~ 10 septembre 2020