Quand se coince une fermeture-éclair

Quand se coince une fermeture éclair…

Dans une vie antérieure j’ai pendant quelque temps bossé avec la présidente d’une agence de marketing-services. J’étais un peu son assistante, un peu chargée de com’, un peu traductrice, un peu l’interface des agences du groupe à l’international – un peu tout, n’importe quoi et son contraire, comme bien des réalisations accomplies dans le cadre de mon parcours professionnel si atypique. Je suis polyvalente et j’apprends vite. Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.

Un matin, ma présidente déboule dans mon bureau, paniquée :

— Laure, c’est épouvantable ! J’étais aux toilettes et j’ai coincé ma fermeture-éclair… Oh, mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?

Moi, l’esprit pratique, éprise de précision :

— Les toilettes, vous y entriez ou vous en sortiez ?

Elle, tout agitée :

— Eh bien, j’en sortais. Enfin presque. J’ai remonté mon pantalon, j’ai fermé l’agrafe du haut et je ne sais pas ce que j’ai fabriqué avec la fermeture-éclair, impossible de la remonter. Je ne peux absolument pas rester comme ça : ça se voit bien que ma braguette est ouverte, ça baille à chaque mouvement…

Moi, réprimant une furieuse envie de rire :

— Bon. C’est déjà moins pressé que si… euh… si vous l’étiez. Et cette fermeture-éclair, elle est juste coincée-coincée ou bien elle est cassée ?

Elle, très embêtée :

— Euh… Eh bien je crois qu’elle est coincée. Je n’arrive plus à la faire bouger, ni dans un sens ni dans l’autre.

Moi, rassurante :

— Alors c’est un moindre mal. Puis-je voir ce qu’il en est et essayer de vous… euh… de vous décoincer ?

Elle, un peu rassérénée :

— Oh, mais oui ! Oui, Laure, je vous en prie. Toute seule, j’en suis incapable.

Moi, évaluant la situation :

— Bon. Il faut que j’attrape les deux bouts d’en bas et que je pince pour remonter le truc.

Elle, légèrement perdue :

— Ah…

Moi, déjà concentrée sur la manip’ à venir :

— Il va falloir que je glisse ma main à l’intérieur de votre pantalon… contre votre ventre, donc.

Elle, très sérieuse :

— Bah oui, bien sûr, faites.

Moi, rapide et efficace, je dirais presque chirurgicale :

— Alors allons-y. Ne bougez pas, ne respirez plus. Ça y est, je les tiens. Je pince, je tends, et là je tire. Doucement mais fermement… Hopopop, et voilà !

Elle, bluffée :

— Oh, Laure, merci-merci-merci. Décidément, vous êtes formidable.

Moi, modeste :

— Ce n’est rien. Le maniement de braguette, vous savez, ça me connaît.

Elle, interloquée :

— …

Moi, pliée de rire :

— Non mais, je vous rappelle que j’ai quatre hommes à la maison, alors ce n’est pas la première braguette que je décoince !

Le temps de rigoler toutes les deux, elle enfin détendue, elle a conclu très dignement :

— Vous savez, Laure, si j’avais été un homme, jamais je ne vous l’aurais demandé.

Et moi je me suis toujours demandé, si elle avait été un homme et m’avait priée de l’aider, comment j’aurais réagi.

J’ai eu cette chance que jamais cela ne se soit présenté. Mais, tout bien réfléchi, je m’y serais, je pense, prise autrement. Je ne serais certainement pas intervenue… euh… in situ, seule avec lui dans mon bureau. Trop gênant, trop risqué. Vous me direz que ça dépend du bonhomme et j’abonderai dans votre sens, mais bon, dans un cadre professionnel il m’a toujours paru préférable d’éviter les situations scabreuses.

Oui, voilà : je lui aurais suggéré de retourner dans les toilettes, de retirer son pantalon et de me le passer, et je me serais débrouillée avec un pantalon vide. Quitte à faire tenir la braguette fermée à l’aide d’une épingle à nourrice.

Courageuse, mais pas téméraire !

Mouarf…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s