Raclette au melon
« Comme la météo varie tout le temps cet été, je me fais des raclettes au melon ». J’éclate de rire. Nous avons il est vrai cette année un temps tellement bizarre pour une période estivale que l’on voit passer des suggestions de recettes pour le moins surprenantes – même s’il s’agit d’un panneau humoristique sur les réseaux sociaux !
Raclette au melon. Ben voyons. Et puis, pour le dessert, sorbet de soupe à l’oignon, le tout accompagné d’un petit vin chaud au rosé du Luberon… ?
Sur le plan gastronomique il faut savoir sortir des sentiers battus, je suis la première à l’affirmer. Je sais bien que fruits et fromages font bon mariage, mais le melon se consomme bien frais, et la raclette, c’est du fromage fondu et grillouté, glissé brûlant dans l’assiette… aussi leur potentielle association ne me tente-t-elle que très modérément.
Cela dit, j’ai un estomac à toute épreuve, un goût certain pour les expériences nouvelles, un appétit que d’aucuns qualifient d’insatiable, et l’habitude – développée très jeune et bien entretenue depuis – d’avaler des couleuvres.
J’y réfléchis quand même un instant.
Du melon chaud ? Non, tout bien considéré, même caramélisé, l’idée ne me fait pas saliver.
Il faut préciser aussi que le melon cuit, je n’en ai jamais goûté que sous forme de confiture, et ce n’était pas une réussite.
Ma Môman avait eu cette idée saugrenue, il y a des années de cela, avec des melons qu’elle avait en surplus et qui menaçaient de tourner, de concocter une confiture qui, refroidie, donna une sorte de gelée gluante au goût parfaitement insipide.
Je revois les pots – de jolis pots vintages Le Parfait – alignés au fond du rayonnage inférieur du réfrigérateur de la maison de Lannemartin, dans cette pièce que nous appelions cave et qui tenait davantage d’une arrière-cuisine ou d’une souillarde. Un seul d’entre eux avait été entamé mais non terminé. Ses voisins s’ennuyaient ferme.
Et Maman de s’en agacer, trouvant que son stock ne descendait pas. Elle ne cessait de nous en proposer ; nous ne cessions de refuser, de manière aussi évasive que possible, et nous nous jetions sur les confitures industrielles achetées en promotion au supermarché du coin. Maman s’en offusquait, prétendait que le fait-maison était tout de même plus raffiné. Nous soupirions. Elle levait les yeux au ciel et pestait.
Dès le matin, chaque week-end ou presque, des tensions ridicules naissaient autour de ce foutu pot de confiote.
Jusqu’au jour où je me suis sacrifiée – il en fallait bien une – pour lui dire que cette confiture-là, personne ne finirait le pot entamé et que les autres resteraient intacts, parce qu’elle était définitivement et irrémédiablement fade et d’une consistance écoeurante.
En un mot : dégueulasse.
Bien sûr c’est moi qui ai pris la volée de bois vert, mais je m’y attendais.
Furieuse, ma digne mère s’est emparée de ses magnifiques pots pour en déverser le contenu visqueux directement dans l’évier. Le conduit l’a docilement avalé sans qu’il soit nécessaire d’ajouter de l’eau, ou si peu, c’est tout dire. Et, ce faisant, Maman clamait que ça n’était pas demain la veille qu’elle se retaperait de refaire des confitures, non mais dites donc !
Il ne s’est pas trouvé un seul membre de la famille pour le regretter.
Et moi, émoi, je dois tout de même à la vérité toute crue de reconnaître que l’ire maternelle pouvait se comprendre.
Car, honnêtement, à part celui-ci, magistral, je ne me souviens d’aucun autre raté. Non, vraiment, aucun. Maman est ce que l’on appelle un cordon bleu. Elle avait certes été à bonne école auprès de sa mère.
Je le souligne d’autant plus volontiers que c’est à son contact que j’ai moi-même appris très jeune à cuisiner.
Et… je cuisine bien ! Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.
Ddddddonc, du melon chaud avec du fromage à raclette fondu, je confirme : voilà qui me paraît des plus hasardeux ! Pas mieux que du taboulé de choucroute ou un pâté en croûte concombre-mozza !!
📸 Pixabay
Ah, comme tu racontes bien … C’est toute ta vie, en somme !! Pour revenir au melon cuit … franchement, j’hésiterais aussi !! Mais, comme la poire ou l’orange, en accompagnement de viandes douces, moelleuses, genre porc, canard, veau sans doute, ça vaudrait la peine d’essayer !! Des beignets ? comme les beignets aux litchis flambés, une merveille !! Bon, juste des suggestions … Je cuisine, mais vraiment « brut de fonderie » !! Donc, ce genre de plats, même pour voir …. !!!
Amitiés
Philippe
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Merci Philippe ! Oui, tu as raison, il faut toujours essayer, on ne sait jamais. Et puis je crois que c’est ainsi que les meilleures recettes se sont élaborées, un peu à tâtons, un peu au hasard…
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