Ne t’inquiète pas, donne-moi la main

Ne t’inquiète pas, donne-moi la main

Aujourd’hui 2 septembre fut pour beaucoup de petits bouts l’expérience, pas toujours facile, de la première rentrée des classes. Mes pensées accompagnent les plus jeunes et les moins jeunes aussi, et leurs parents pour qui, quel que soit l’âge des enfants, cette année représentera une nouvelle étape.

Bon courage aux professeurs. Eux aussi méritent qu’on le leur souhaite !

Je n’oublie pas chaque rentrée de mes fils. C’est de l’histoire ancienne. Et puis d’autres histoires, toute notre histoire en fait.

Et toujours, toujours je me rappelle cette anecdote qui, pour le jeune intéressé, ne fut sans aucun doute pas si anecdotique.


Ce matin de septembre 2010 m’a vue tout occupée à « sauver », sous les yeux effarés puis attendris des voyageurs, un petit garçon en larmes qui venait de voir les portes de la rame de métro dans laquelle il avait bondi se refermer sous le nez de sa maman malencontreusement restée sur le quai.

Silence absolu parmi les voyageurs devant la détresse du petit bonhomme qui piaulait comme un jeune chiot brutalement séparé de sa mè-è-reuh.

C’était moi la plus proche de lui.
Je me suis accroupie à sa hauteur et je lui ai dit en le fixant bien dans les yeux et en souriant avec les miens :

— Ne t’inquiète pas. Tu sais ce qu’on va faire ? On va descendre tous les deux à la prochaine station et attendre ta maman. Je reste avec toi jusqu’à ce que tu la retrouves. Allez, donne-moi la main et ne t’inquiète pas, ne t’inquiète pas, je reste avec toi.

Il a ravalé ses larmes et dans un long sanglot il a glissé sa main dans la mienne.
Les voyageurs nous encerclaient, maintenant entre nous une sorte de distance quasi-respectueuse : pas un mot, ils nous regardaient comme deux extra-terrestres.
C’est agaçant, l’attention soutenue des gens. Mais pourquoi aussi est-ce toujours moi qui interviens dans ce genre de situations ? Parce que personne ne bouge, alors il en faut bien une. Et pourquoi tous ces regards aussitôt dirigés sur moi ? C’est peut-être cela le plus gênant.

Sur un ton dégagé, j’ai ajouté en rigolant :

— Mais, dis-moi, quelle aventure tout de même ! Pile le jour de la rentrée des classes ! Tu vas en avoir des choses à raconter en arrivant !

Il a acquiescé en hochant la tête, tout-à-fait convaincu, oh oui, et puis contrit aussi.

Comme annoncé, nous sommes descendus tous les deux à la station suivante, main dans la main, les passagers semblant former une haie pour nous laisser passer.
Oooooh, cette attention braquée…

Faut-il le préciser, j’ai été tout aussi soulagée que lui de la voir arriver, sa maman.
J’avais évidemment eu le temps de demander ce que j’allais faire si jamais, si jamais, oh la la, si jamais on ne la retrouvait pas.

Pas plus affolée que cela d’ailleurs, la mère indigne… ou plutôt indignée. Pestant sur son fils, tête basse et l’air résigné :

— Toi, là, ‘spèce de tête en l’air, que tu fais attention à rien, toujours à t’précipiter, que j’arrête pas d’te l’dire. Que je m’demande vraiment c’que t’as dans l’crâne !

Pauvre petit garçon devant tout le monde réprimandé, il n’en menait pas large. J’en étais toute chavirée pour lui.

Empathie, empathie, quand tu nous tiens, tu t’accroches bien, crocs acérés en plein cœur plantés.

Cette histoire de rien du tout, les réactions et les émotions facilement perceptibles des différents protagonistes gardent aujourd’hui pour moi la même acuité que le jour où cela s’est produit.

[Crédit photo : Pixabay]

 

 

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