Sic transit gloria mundi
Carmina Burana, qu’à Lannemartin presque aussi fort que la Chevauchée des Walkyries Papa passait à fond sur le combiné Schaub-Lorenz, faisant trembler les vitres de la salle à manger, Carmina Burana n’était pas à proprement parler, m’avait-on expliqué, de la musique religieuse.
Les chants en latin et les illustrations de la pochette du 33-tours me paraissaient contredire cette indication. Mais vient un moment, vous savez, où il faut bien croire ce qu’affirment les grandes personnes. Et moi, émoi, j’aimais déjà parler proprement.
— C’est donc de la musique laïque ? avais-je alors rétorqué.
On avait rectifié.
J’avais ainsi appris que le terme « profane » ne traînait pas à sa suite le sillon sulfureux que j’imaginais mais signifiait tout simplement non-religieux.
….
Or, ce dimanche après-midi, en notre bonne petite ville de proche-province, voici que l’œuvre d’Orff est chantée… à la collégiale !
De quoi ébranler les quelques certitudes vocabularistiques acquises lorsque je n’avais qu’une dizaine d’années.
Il est vrai que la vie, depuis longtemps je l’avais compris – souvent à mes dépens, mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait – la vie n’est que contradictions.
C’est ainsi…
Sic transit gloria mundi !
~ Novembre 2016
[Illustration : Carl Orff, The Bavarian Radio Orchestra and Chorus, Eugen Jocum – Carmina Burana (Secular Songs) ]