Mon smartphone est un peu concon
Oui, oui, bien sûr il est très pratique et me rend des services dont je ne calcule plus le nombre ni l’utilité. Il est smart, il est même bien plus que cela, mais… mais il est un peu concon. Ça ne fait pas partie des constats très satisfaisants mais force m’est de le reconnaître.
Oui, je ne parle pas très fort, je sais. C’est pour qu’il ne m’entende pas. Débrouillez-vous pour tendre l’oreille…
Je vous explique.
Mais d’abord je tiens à préciser que je n’ai pas pour habitude de porter des accusations sans avoir préalablement effectué moult vérifications pour m’assurer que mon impression première est justifiée. On en a vu d’autres s’enferrer de la sorte, mais bref, bref, passons. Moi on ne m’y prendra pas. Oh non, pas moi. Bon, je ne dis pas que je ne me trompe jamais, ce serait faux, tout ce qu’il y a de plus faux, mais j’essaie tout de même au quotidien d’exercer mon esprit critique. Enfin, c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.
Ce préalable étant exposé, j’en viens à mon téléphone mobile de toute dernière génération dont je ne citerai pas la marque.
Franchement, il n’est pas très malin. Oui, je disais même un peu concon.
Imaginez-vous qu’il n’a pas encore compris que je m’appelle Laure et que mon nom de famille se prononce « somairfaugle ». Si, si, je vous jure – pardon, je vous l’assure. Comment je le sais ? Bah, écoutez, je le vois bien, quand même.
Je vous explique.
Chaque fois que je dicte Laure il écrit « lors ». Je ne pense pourtant pas dicter si souvent que cela ces expressions, dès lors, lors de, depuis lors. En termes d’occurence, mon prénom revient beaucoup plus fréquemment. Or cette andouille ne l’a pas encore enregistré. Il faut que j’énonce systématiquement mon prénom suivi de mon nom de famille pour qu’il produise l’ensemble convenablement orthographié.
Rien de bien grave, je vous l’accorde. Mais, vous en conviendrez, c’est légèrement fastidieux.
Et encore, et encore ! La plupart du temps il écrit Lors sa mère folle. Alors évidemment, à chaque fois et malgré tout le respect que je dois à ma chère mère, je pouffe de rire intérieurement, en moi-même, in petto et dans mon for très intérieur.
Pourtant j’essaie d’être patiente. Je dicte lentement. J’articule. J’ai même tenté de faire diversion en expérimentant des prononciations différentes. Parfois il s’autorise des variantes : Lors sommaire faux angles, Lors seau maire vos gel, Lors somme air full… J’ai même eu, pliée de rire : Lors sommes érogène !! On atteint parfois des sommets, vous dis-je.
Je ne lui en veux pas, notez bien, il me fait plutôt rigoler. Bien que cela m’irrite un peu parce que je perds à chaque fois quelques précieuses secondes à corriger ses inventions. Mais il m’en fait par ailleurs gagner tellement…
Ce qu’il y a aussi, il faut que je vous en parle – mais rapprochez-vous car je dois baisser la voix. Figurez-vous que par-dessus le marché, mon téléphone est jaloux. Si, si, je vous jure – pardon, je vous l’assure. Il refuuuuuse absolument d’écrire le prénom de mon namoureux, qui se trouve être très court. Son prénom, pas mon namoureux, voyons. Lui est grand, 1m84, pensez. Mais je diverge. Pardon ? Rhhhho mais non enfin, pas du tout. Bbbbref. Revenons à mon téléphone : soit il laisse un blanc silencieux, soit il glisse un « hum » dubitatif soit il se contente d’un « il » prétendument indifférent – et moi, émoi, je sais très bien ce qu’il en est. Quoi, qui ça ? Mais mon téléphone ! C’est clair quand même ! Voilà, voilà, vraiment ça m’énerve, il vient d’écrire Claire. Parfois je me demande s’il ne le fait pas exprès. Bah oui, pour m’agacer, moi. Sinon pourquoi se comporterait-t-il ainsi ?
La plupart du temps, je dicte. Et parfois, il prend de ces initiatives, vous n’imaginez pas. Il m’a à plusieurs reprises mise dans des situations carrément scabreuses. J’ai beau faire attention… Je vous raconte, que vous voyiez le tableau…
Une fois je voulais m’assurer auprès d’un jeune ami– jeune, oui, plus jeune que mes fils, je veux dire – qu’il faisait effectivement partie du groupe Facebook dont je lui parlais. Je lui pose donc la question. Mon message part, ainsi libellé : « Mais tu es bien membré ? » Le garçon, qui ne manque pas d’humour, me répond du tac au tac : « Ah ! Laure, queue te dire ? » Eh bien c’était tordant, évidemment, mais moi, oh la la, j’étais gênée, mais gênée !
Une autre mésaventure d’un ressort comparable… Je discutais avec un ami féru de musique, qui m’envoie un enregistrement de Atom Heart Mother des Pink Floyd (in Ossiach, 1971). Et je lui réponds que je constate pour la première fois que ce morceau me fait un peu penser à Carmina bourre Anna, mais que c’est peut-être une comparaison classique. Oui ! Voilà ce qu’a écrit mon téléphone, pour Carmina Burana !! Eh bien mon ami était en diguedille, et moi, émoi j’étais furieuse contre lui. Contre mon téléphone, évidemment !
On m’a souvent dit que j’étais une enfant rétive qui voulait n’en faire qu’à sa tête. On m’a souvent dit : qui se ressemble s’assemble. Mais là, j’ai rarement vu ça. Ce téléphone est carrément… récalcitrant !
Une des dernières sales blagues qu’il m’a faites, et j’ai mis un temps fou à m’en rendre compte : il a fini par enregistrer que quand je dicte « somairvogelle », il lui faut écrire Sommervogel*. J’étais contente, je me disais que je l’avais enfin dressé. Mais à partir de là il s’est mis insidieusement à glisser un m supplémentaire dans mon nom. Sans que je m’en aperçoive. Alors j’ai des articles qui traînent un peu partout, signés Laure Chevalier Sommmervogel, avec trois « m ». Ça ressemble à quoi, je vous demande un peu ? J’étais furieuse, mais vraiment furieuse sur ce coup-là.
Oh, je l’aime bien quand même, allez. Et puis, tous les deux, on fait du bon boulot. N’est-ce pas le plus important ?
Ah oui, avant de finir ce petit bout d’écrit-là, je le note pour y penser : il y a un truc qu’il faudra que je vous raconte un autre jour. Mon GPS. La nana du GPS ! Elle joue à la fille patiente, qui répète inlassablement les mêmes indications, calmement, sans s’énerver le moins du monde – elle – avec sa petite voix impassible. Mais je sais parfaitement qu’elle me prend pour une conne finie. Je l’entends bien qui rigole quand je n’arrive pas démarrer du premier coup. Et les créneaux… c’est simple, je veille à lui couper le sifflet avant d’entreprendre la moindre manoeuvre. Ah ça, la nana du GPS, je ne la porte pas dans mon cœur, mais je ne suis pas sûre et certaine qu’en permutant pour une voix d’homme, je gagne au change… Enfin bon, aujourd’hui nous allons laisser ce petit pot couvert, parce que, là, je risque d’être grossière et ça n’est pas mon genre.
📸 lors chevalier sur la formule
… Non mais, vous voyez que je n’invente rien : il vient même de me surprendre, celle-là il ne me l’avait pas encore sortie !
NB : Je l’ai déjà précisé, je crois, mais je le rappelle – je ne suis pas à ça près – notre patronyme signifie « papillon » en vieil alsacien et non « oiseau d’été » comme le pensent les germanophones. Et, pour ce qui est de la prononciation, on dit en principe « So-maire-faugle ». Cela peut surprendre mais il s’avère terriblement compliqué de faire comprendre aux gens qu’on ne dit pas « Sommervogelle » à la normande et pas davantage « Sommervoguel » à l’allemande (ni Sommer-ta-gueule, comme on l’entend régulièrement en cours de récréation !). Cela dit, cela dit, peu nombreux dans la famille sont ceux qui s’acharnent à exiger la prononciation correcte et j’assiste, à mon corps défendant, à un glissement progressif vers la facilité…
Bonjour
Excusez mon intrusion….
« somairfaugle » si c’est d’origine allemande on ne prononce pas « sommairfogueule » ? C’est ce qu’il me reste de mes quelques années d’allemand, la prononciation ! Le roi n’a pas été mon cousin lorsque lors d’une rencontre avec un écrivain allemand celui ci m’a dit en m’entendant baragouiné quelques mots, que j’avais un très bon accent ! Franchement, j’aurais préféré qu’il me complimente sur un riche vocabulaire mais bon… on ne peut tout avoir 🤷♀️
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Bonjour,
merci beaucoup d’avoir pris la peine de ce commentaire, c’est très gentil de votre part mais tout de même assez surprenant. Je suis, je pense, mieux placée que quiconque pour connaître la prononciation exacte de mon nom de famille… et ce d’autant plus que c’est un patronyme qui vient du vieil alsacien et qu’il ne se prononce pas comme en allemand.
Merci toutefois pour votre intérêt.
Bonne journée 😊
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Je n’en doute pas…
Donc je saurais désormais que la prononciation de «vogel» en alsacien se dit «fau-gle»
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Je ne peux me prononcer que sur la prononciation de mon patronyme en entier.
Vogel étant un autre patronyme, je ne me soucierai pas de trancher quant à sa prononciation correcte… Je me contenterai de suggérer que cela dépend des familles et peut-être aussi des régions.
Bonne soirée,
~ Laure ☀️
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