Li fraisier
J’adore les accents. D’abord c’est charmant, souvent chantant. Et puis les accents génèrent parfois des confusions amusantes. J’aime pour ma part la multiplication des jeux de mots possibles. Et puis on finit toujours par se comprendre. C’est bien cela l’essentiel, non ?
Et vous, avez-vous des exemples de ce type (de celui-là ou bien d’un autre bien sûr) ?
~•~
Descendue très tôt ce matin sur le marché, au maraîcher je demande une scarole.
— Ah dizoulé mais li scarole ji li pas jord’hui. Li fait trô-trô froid. Ma ji li fraisier. Li superbe…
— Fraisier ? (je réfléchis puissamment à ce qui pourrait ressembler à une salade rose) … euh, feuille de chêne, plutôt ?
— Non, non ! Li fraisier, li fraisier ! Ti cônnais pas li fraisier ? Viens, chti montre !
Il m’emmène vers l’arrière de son camion et d’un grand geste du bras désigne avec fierté plusieurs cageots regorgeant de fraîches verdurettes qui n’ont certes pas eu besoin de mise en plis.
— Aaaah… vous voulez dire une frisée ?
— Ui, ui, ci ça ! Eune fraisier ! confirme-t-il avec un grand sourire.
Le fait est qu’elle était magnifique. Et avec cet accent présentée, à coup sûr beaucoup plus savoureuse qu’une simple scarole.
Ah oui, vraiment, j’adore cette variété dans les accents qui laisse à l’imagination le loisir de s’envoler et donne lieu parfois à ces quiproquos aussi délicieux qu’inattendus.
Janvier 2017
📸 Pixabay