Écrit-on comme on aime ?
J’aime écrire. Écrire à la main, enfin, au stylo. Gratter le papier d’une plume inspirée. J’écris rapidement, j’écris facilement. Mon écriture est nette, affirmée, parfaitement lisible. On la juge élégante. J’adore sur ce support suivre le trait cursif qui dessine des lettres qui s’envolent et s’attachent pour former des mots qui surgissent et s’allient comme s’enroulent autour de la ligne bien droite les phrases qui s’enchaînent…
Ce dessin linéaire prend un sens : un texte se crée.
Plaisir presque oublié d’utiliser un stylo à encre que l’on retrouve un peu par hasard tout au fond d’un tiroir. Sensation si différente de celle que l’on éprouve en maniant un crayon ou un feutre. Bruissement de la plume qui court sur le papier et fait apparaître les lettres et puis les mots à mesure qu’ils sont tracés, avec bien sûr le risque – d’autant plus réel que l’habitude s’est diluée – de laisser çà ou là passer une faute (ici l’on ne parlera pas de coquille puisqu’il ne s’agit pas d’un texte imprimé). Avec, en corollaire, l’inévitable retour des ratures et des lignes manquant de régularité… mais fi des traits bien tracés : fini le temps des cahiers à carreaux.
Et la feuille blanche peu à peu se remplit : un écrit est produit.
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C’est plus laborieux qu’un exercice au clavier mais ne fait sans doute pas appel aux mêmes régions du cerveau.
Des études sur le sujet ? À creuser…
Écrire ou bien saisir, il faut choisir : à la main j’écris de moins en moins, je rédige direct en touches où mes doigts font merveille.
Je tape à toute vitesse. Le nez en l’air j’amuse mes interlocuteurs en leur répondant tout en poursuivant mon ouvrage.
Page après page, un document se construit.
Si j’aime rédiger en allant de l’avant, souvent je retourne en arrière pour retravailler mon texte. Souci de perfection, la forme et puis le fond. Respecter très rigoureusement l’orthotypographie, les règles de grammaire et d’orthographe. Réviser la ponctuation. Traquer la répétition. Trouver une formulation plus éloquente. Contrer les lourdeurs de style. Et la présentation… ah, la présentation est indissociable de tout ce qui précède. J’y attache la plus haute importance : n’est-ce pas la première impression qui compte ?
L’ensemble se tient enfin. Plus d’une fois j’y reviens, encore et encore, sans me lasser, pour obtenir la plus juste expression de ce que je veux traduire. En un mot comme en cent, améliorer mon premier jet s’avère purement jubilatoire… Oh oui, quelle satisfaction d’optimiser l’existant : c’est à mes yeux l’un des grands plaisirs de l’écriture !!
Et puis vient le mobile.
C’est tellement facile. Le temps de dégainer, je poucette ou je dicte. Ce support branché remplace le carnet moleskine et l’ordi : c’est du multiple en un, et surtout, surtout, il permet le partage – partage instantané.
Un clic : le message s’envole.
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Écrire c’est comme dessiner, trait sans cesse lancé pour exprimer les sentiments que j’espère faire ressentir à qui les appréciera. Dans cette démarche les sensations m’intéressent : je les recherche, attentive aux émotions induites.
Sentiments, sensations, émotions. Les mots-sillons. Les mots s’associent ou s’esquivent, ils dansent, ils filent ; les lettres se bousculent, pressées de les rattraper pour jouer à jonglemoter. Et s’il m’arrive d’en laisser s’échapper, toujours elles reviennent au foyer.
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Du sujet initial, l’écriture à la main, je me suis éloignée sans être pour autant totalement hors-sujet.
Et la question se pose : vous qui me lisez, vous écrivez, vous tapez, vous poucettez ou vous dictez ?
📸 ©LaureChevalierSommervogel