Madame Tête-en-l’air

Madame Tête-en-l’air

Oui ? Vous parlez de moi ? Madame Toomuch vous salue bien, mais je mérite également l’appellation de Madame Tête en l’air !

À l’époque où je filais tous les matins bosser à la capitale, je m’étais fait une check-list… En réalité je trimballais ma vie dans mon sac. Un petit sac ? Mais vous n’y pensez pas !

La question des sacs emplis ras-la-gueule d’okazouonesêjamê — encore un de ces mots étrangers qui n’ont pas leur équivalent en français et qui ne se traduisent que par une longue phrase, mais vous avez compris, je crois — c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait. J’avais bien entendu une paire de lunettes au bureau, un collant d’avance, une mini-trousse de couture qui en a dépanné plus d’une et j’en aurais beaucoup à raconter à ce sujet…

Oui, car l’on m’appelle aussi Laureganisationgénérale. Mais pourquoi donc, à votre avis ? D’une part je note tout, tout, tout, d’autre part j’essaie d’anticiper, sinon… sinon ? … mais c’est l’épouvante, c’est même terrorisant !

Mes pauvres, si vous saviez tout ce que j’oublie… c’est à un point graaaaave… !

Un exemple — parmi tant d’autres…

Je suis l’heureuse détentrice d’une grande planche en bois qui présente un petit rebord pour être bien calée contre le plan de travail. Dans nos précédentes installations, nous avions une plaque de cuisson au gaz encastrée dans le plan de travail et j’avais l’habitude de placer cette planche en bois, qui avait pile poil la bonne dimension, sur la plaque de cuisson : ça la protégeait et donnait un espace supplémentaire pour poser des trucs quand on ne l’utilisait pas.

Vous devinez la suite ?

Un jour je finis mes préparatifs en cuisine, je nettoie et range bien tout — je ne suuuuupporte pas les cuisines en désordre — et je vais m’installer sur le canapé du salon pour me plonger dans je ne sais plus quelle lecture. Heureusement, je n’ai pas quitté la maison !

Au bout d’un moment une odeur bizarre m’alerte — une chance, je ne fumais plus à l’époque, sinon je n’aurais pas réagi —, une odeur qui finit par m’incommoder. Je me lève pour chercher d’où ça vient… et je m’aperçois que j’ai oublié d’éteindre un des feux de la table de cuisson : ma plaque en bois est plus que surcuite, prête à prendre feu.

Je l’ai aussitôt collée dans l’évier sous le robinet d’eau froide et j’en ai été quitte pour une grosse suée et pour aérer un bon coup ! Pour votre bonne information — si, si, c’est important — la planche nous a suivis ici : elle nous fait de l’usage, mais le dessous est tout brûlé…

On n’oubliera pas de mentionner les oeufs mis à durcir puis oubliés dans une petite casserole dont l’eau s’évapore et qui finissent façon popcorn… Dans ce cas-là c’est souvent le bruit qui me fait réagir ! Quant aux gâteaux brûlés, hum-hum, passons.

Un jour je deviendrai folle… j’oublierai mon nom-on-on de milleuh façon-on-ons et le chemin qui mène à la maison !! Enfin, disons plutôt que j’ai cru devenir folle de milleuh façon-on-ons, mais jamais-jamais je n’ai oublié le chemin qui (ra)mène à la maison !! Que je sois complètement brindezingue, personne ne s’en est encore officiellement plaint. Et moi, émoi ? Eh bien je surcompense, évidemment.

Et vous ? La tête sur les épaules ou plutôt du genre à l’avoir dans les nuages ? Dans la Lune peut-être ? Des anecdotes à ce sujet ?

Illustration : To The Moon and Back – Catrin Welz-Stein

4 réflexions sur “Madame Tête-en-l’air

  1. Tout le monde peut oublier, pour de nombreuses raisons ..
    Je ne pense pas que tu sois unique …
    Moi, je note sur différents supports :
    – des feuilles de papier A4, pour les voyages (été, hiver…) ;
    – des post-it, pour le court terme ;
    – des feuilles de calepins pour les courses (que je peux oublier sur un coin de table !!… – comme l’autre jour, pour chercher des médicaments à la pharmacie.. – c’est là que la bonne vieille mémoire peut encore servir !!).
    Le problème avec les noeuds à son mouchoir, c’est que c’est assez difficile de faire des noeuds avec les kleenex et, surtout, quand on trouve un noeud, que signifie-t’il ? …
    De toute façon, toujours essayer de mémoriser !!

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  2. Merci Laure pour ce récit qui, en plus de nous faire découvrir l’une des couleurs de ta personnalité kaléidoscope, permet aux personnes, dont je fait partie, qui ont une propension plus ou moins forte à être distraites, à se sentir moins isolées par ce trait de caractère.
    Il est remarquable de constater que les personnes distraites sont fréquemment qualifiées, avec sympathie, amusement, ironie, ou agacement, comme étant « dans la lune » ou « en apesanteur » ou « réveuses éveillées » ou « à l’ouest » alors qu’en fait, leur apparente simularité recouvre une grande diversité de situations parmi lesquelles se trouvent des états de fatigue passagère, d’anxiété, d’enthousiasme ou de réflexion intense polarisant l’attention sur un sujet particulier (la fameuse distraction des scientifiques, des mathématiciens, des philosophes… Ou de moi qui me demande où j’ai bien pu poser la fichue carte électromagnétique activant l’ouverture et le démarrage de ma voiture).
    L’un de mes plus mémorables moments de distraction correspond à la situation suivante.
    J’étais alors étudiant à la faculté de droit d’Aix en Pce et la dernière heure de cours de la journée venait de s’achever.
    Dehors, un orage faisait pleuvoir des cordes obliquement tendues par un tempétueux mistral.
    Je propose alors à mes quelques amis de banc de les raccompagner à la résidence universitaire au moyen de mon véhicule stationné de l’autre côté du parc jouxtant les locaux de la faculté, soit situé approximativement à 300 mètres de notre point de départ.
    Notre traversée du parc au pas de course le plus rapide que nous puissions tenir sur la distance ne nous empêche pas d’arriver trempés, essouflés et les bas de pantalons maculés de boue par les éclaboussures vengeresses des incontournables flaques traversées sur notre parcours jusqu’à l’emplacement où je croyais avoir stationné mon véhicule…
    C’est alors seulement que je me suis souvenu que, ce matin là, j’avais effectué
    A PIEDS le parcours de la résidence universitaire à la faculté de droit.
    Mes camarades purent donc me remercier comme il se devait pour les 600 mètres supplémentaires (en comptant l’aller et le retour) inutilement parcourus sous les applaudissement battant de la pluie pour rejoindre à pieds leurs pénates…

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