Un vrai feu d’artifice !
Nous regagnons nos pénates après un très chouette roadtrip ibérico-lusitanien.
Étape à Saint-Jean-Pied-de-Port dans le Pays basque où mon namoureux a réservé une chambre dans un petit hôtel tout en haut du village.
Bon dîner dans un restaurant donnant sur la Nive dans laquelle se reflète l’arc ancien d’un pont de pierre.
Romantique au possible.
Touristique au possible.
De fait il y a foule.
Entrées terminées depuis belle lurette, nos deux plats se font attendre.
Nous avons déjà éclusé la bouteille de rosé.
Oui, bien sûr, apportez sa pareille !
Une fois n’est pas coutume, et puis… nous sommes en vacances, et puis… l’hôtel n’est qu’à une dizaine de minutes à pied, et puis… et puis voilà, quoi.
Bras dessus bras dessous nous voici revenus.
Et hop, au lit s’il vous plaît, pour un moment d’intimité conjugale sur lequel pudeur et retenue me contraignent de baisser le store de la discrétion.
Quand soudain : pétarade.
Extérieure, la pétarade.
Je dresse l’oreille et me lève en un mouvement fluide que seule autorise une souplesse absolue et me précipite à la fenêtre. Le rebord est large, je peux m’appuyer, me pencher. Un coup d’œil vers la droite et je m’exclame :
— Ooooooh, dis donc, regarde un peu… un feu d’artifice !
Mon namoureux s’étouffe de rire :
— Ça alors ! Un 14 juillet ? En voilà une surprise !
Je suis perchée – pas que sur l’appui de la fenêtre – et ça l’amuse, ça fait partie de mon charme, dit-il, et il se trouve qu’en vacances moins encore qu’à l’habitude je ne fais attention aux dates.
Il ajoute sur un ton enjôleur :
— Allez, ma chérie, reviens donc par ici mettre le feu aux poudres…
— Oh, mon coeur, attends deux secondes, quoi ! Je regarde jusqu’au bouquet final…
Et je poursuis sur ma lancée :
— Tu sais, moi j’aime les feux d’artifice. Parce que, tu sais, tu sais, quand nous étions petites, toujours, toujours, où que nous soyons, à la mi-juillet Papa nous emmenait, Guillemette et moi, voir le feu d’artifice : il a-do-rait ça.
Maman trouvait ça populaire – elle ne disait pas vulgaire mais j’entendais bien qu’elle le pensait – et elle rappelait dans la foulée que la foule, elle avait horreur de ça.
Elle préférait rester tranquillement dans la maison de ces étés-là, avec le bébé.
Il était tard.
Forcément, il fallait attendre la nuit tombée.
— Vous pouvez rester en pydjouilles, les filles, ça n’a aucune importance : bien malin qui verra la différence.
Papa prenait Guillemette sur ses épaules et, allez hop, zou ! nous voilà partis tous les trois.
Nous courions sur la route en zigzaguant et en faisant les fous. Alors là, je t’assure que pour rigoler on rigolait. Nous étions en diguedille.
Comme quand on jouait aux hirondelles.
Il avait repéré le terrain à l’avance et sélectionné un point de vue où nous profiterions du spectacle. Nous nous posions, à l’aise. Souvent une place surélevée, un muret, un rebord d’escalier, un coin bien trouvé.
Il avait toujours un mot gentil pour les personnes que nous croisions ou celles auprès desquelles nous nous asseyions. Il invitait d’autres enfants moins bien installés à se caler à côté de nous, en hauteur. « Allez, si vous vous poussez un peu, vous pouvez faire un peu de place, quand même. Moi, ça va, je suis grand, je peux rester debout. »
Papa, en plus d’être bien élevé, était un homme charmant, avenant, chaleureux, courtois et attentionné.
Quand il était bien luné.
Mais c’est une autre histoire, toute notre histoire en fait.
Et moi, émoi, ce sont les bons souvenirs que j’aime évoquer.
Dès que commençait le feu d’artifice, c’était un émerveillement.
Il commentait chaque étape du spectacle en nous apprenant le vocabulaire de la pyrotechnie. Aujourd’hui j’ai oublié les mots précis mais je me rappelle à quoi correspondent les différentes phases et les types de feux.
Tu imagines les cris qu’à pleine voix, tous en chœur, nous poussions à chaque jaillissement de lumière, à chaque épanouissement des fleurs de feu.
C’était permis. Cela fait précisément partie du plaisir, affirmait-il.
Et tout ce bruit !
Ça crépitait, ça pétaradait, ça claquait et ça hurlait, mais c’était drôle.
Teeeeeellement drôle.
Un éblouissement de tous les sens.
Oh, et puis une fois, je me rappelle : Guillemette avait perdu sa pantoufle, un petit chausson en veau verni, et, quand nous sommes rentrés, je peux te dire que Maman n’était pas ravie.
… et voilà, ça y est, tu vois, c’est déjà fini, ça passe toujours tellement vite.
Enfin, j’ai quand même pris deux-trois photos, regarde !
— …
Je me retourne vers mon namoureux.
Allongé en travers du lit, la bouche grande ouverte, il dort de tout son… saoul.
Hum.
Je n’ai pas le cœur à le réveiller.
Après une bonne nuit de sommeil, on verra demain matin pour le feu d’artifesse !!
Juillet 2017
[Credit image : Pixabay]
Une bien charmante histoire au présent et au passé sur fond de feu d’artifice !
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Merci Sylvie ! Ravie que ces souvenirs imbriqués t’aient plu ! ☀️
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