Anthropomorphisme. Ou pas.

Quand se discute autour de la table famili-a-aleuh les réactions de notre tout jeune chien de bientôt six mois, que j’entends mon namoureux affirmer que le golden retriever cherche à faire plaisir à ses maîtres et que rien ne le rend plus heureux que de correspondre à ce que l’on attend de lui ;

Quand je me dis in petto et dans mon for très intérieur que c’est au fond pas si éloigné du comportement que j’ai, moi, trrrrrès longtemps adopté, à en perdre mon véritable self et friser le burnout – ceci étant une autre histoire, toute mon histoire en fait – mais que je ne suis pas un chien, faut pas exagérer quand même ;

Quand, du fait de cette réflexion-éclair, j’ose exprimer en retour qu’à mon sens c’est attribuer à un animal des pensées et des émotions et un schéma comportemental un peu trop complexes, qu’il me paraît plus simple et plus exact de dire que le golden retriever est un chien particulièrement sociable et docile, et qu’il n’est peut-être pas nécessaire de s’over-projeter de la sorte bien que ce soit évidemment dû à un réflexe d’anthropomorphisme courant (… oui, tout ça d’une traite !) ;

Quand mon namoureux me regarde alors avec des yeux ronds pour les lever ensuite au ciel en reprenant :
— M’enfin, c’est très précisément ce que je voulais dire ! Faut pas non plus prendre les tournures de phrases au pied de la lettre ! Ah la la, on n’a pas idée d’être aussi premier degré ! … ;

Eh bien, je pense aussitôt que si, oh si, j’ai tout à fait idée, et je rigole, je rigole aussi intensément qu’intérieurement tout en affichant un demi-sourire qui se veut complice – mais je ne suis pas sûre de l’avoir très-très bien réussi, celui-là.

[Photo ©LaureChevalierSommervogel]