C’est de la part ?

À l’ère du téléphone fixe analogique, le modus operandi était précis et relevait d’un savoir-vivre élémentaire compliqué par les exigences de la bonne éducation. Pour beaucoup c’était une question de bon sens, pour d’autres ça n’allait pas toujours de soi.

J’ouvre ici une parenthèse.

Mes parents nous avaient appris les codes qui leur seyaient concernant l’usage du téléphone. Inutile de préciser qu’ils se sont totalement perdus avec l’arrivée des téléphones portables. Je parle des codes, pas de mes parents – eux, étaient déjà complètement largués.

Ils nous avaient donc entraînées, formées – oui, formatées si vous voulez, mais c’est une autre histoire, toute notre histoire en fait – à nous présenter lorsque nous appelions et ils attendaient de nos amis et amies qu’ils fissent de même.

Ce qui en agaçait certains.

Un jour l’un d’eux tombe sur ma mère, c’est tout juste s’il la salue, il omet l’incontournable « Pardon de vous déranger » et demande directement à parler à ma soeur.

Ma Môman, sur un ton légèrement agacé, répond avec une insistance délibérée :

— Oui… et qui dois-je annoncer ?

Le garçon, se croyant très malin, s’amuse à répondre :

— Un ami…

Mais ce mal-élevé ne connaissait pas ma chère mère, qui aussitôt rétorque :

— Très bien. Je ne manquerai pas de dire à ma fille qu’un de ses amis a cherché à la joindre.

Et elle lui raccroche au nez.

Quand Maman nous a raconté ça, le soir pendant le dîner, ma sœur était furax de chez furax, mais nous autres, les filles en diguedille, nous pleurions de rire ! Et Papa n’était pas en reste.

Ah, quand j’y repense, nous rigolions bien à la maison, tout de même…

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