Qu’est-ce qu’on a pu rigoler !

On se marrait vraiment comme deux petites folles, ma soeur et moi, ce jour-là on avait décidé de faire une blague aux parents, je l’avais peinte en blanc phosphorescent, j’avais chipé un bidon de peinture dans l’atelier de Maman, celle qu’elle utilisait pour ses saintes-vierges et ses statues en plâtre, ça se vendait comme des petits pains, elle soupirait souvent qu’elle aurait bien voulu qu’on soit aussi sages que ses anges immobiles mais nous ça nous embêtait, fallait qu’on bouge, et là elle allait être contente, eh ben non, il a fallu que notre père nous grille alors que je donnais la dernière touche, le résultat était pourtant épatant mais c’est cette histoire d’ombre qui a tout foutu en l’air, dommage quand même, mais alors la tête de Maman quand elle a vu ça et les cris qu’elle a poussés, on a dû l’entendre jusqu’à la place du village, tes habits et tes chaussures sont ruinés, elle glapissait, et comment je vais ravoir le reste, le reste c’était ma soeur, toutes les deux nous avons reçu une de ces claques, à vous décoller la tête de la colonne vertimbale, Maman s’était mis de la peinture phosphorescente plein la main, elle était verte de rage, elle a flanqué ma soeur dans la baignoire en disant que si elle s’écoutait ce serait dans la cour au tuyau d’arrosage et toute nue devant tout le monde encore, et puis ça s’est terminé à la pierre-ponce, c’était pas facile à faire partir, cette peinture, même que dans ses cheveux ma soeur a gardé tout l’été un reflet phosphorescent, ça rendait Maman nerveuse mais nous deux alors qu’est-ce qu’on a pu rigoler !!

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Contexte : Atelier littéraire.

Consigne : Rédiger une histoire en une seule phrase à partir de de la photo de son choix.

Il s’agit donc d’une pure fiction, à la différence de mes minizécrits qui, le plus souvent, contiennent une grande part de souvenirs véridiques…

📷 ©Hans-Peter Feldmann — Two Girls One Clipped (Deux fillettes dont une coupée)