L’amour ne se divise pas, il se multiplie

« Le bonheur est la seule chose qui se double quand on le partage. » ~ Albert Schweitzer

Moi qui suis gravement bouchée du chiffre et qui ai bien du mal à m’y retrouver dans ces notions de multiplications, divisions, fractions ou pourcentages qui me parlent peu et que, du reste, j’écoute rarement tant je les redoute, je goûte intensément cette citation.

La phrase vient comme un écho émouvant à la réponse que Guillemette m’avait faite, elle qui avait déjà deux fils, quand je lui confiai que j’avais peur de ne savoir aimer mon cadet en gestation autant que j’adorais mon aîné :

— Ne t’inquiète pas, tu verras, tu verras… L’amour maternel ne se divise pas : il se multiplie.

L’image était frappante ; elle s’est vérifiée, et puis magnifiée à la naissance de mon troisième fils.

Souvent j’y pense.

Ma soeur me manque tellement qui toujours trouvait des mots apaisants, constructifs et si justes pour me rassurer quand je doutais de mes capacités… à assurer.

Je crois, depuis que nous étions petites – sur des sujets futiles comme sur du lourd, du très lourd – l’avoir moi aussi aidée dans toute la mesure de mes capacités et de mon immense affection. Cette confiance réciproque, inconditionnelle et sans aucun jugement sous-tendait et soutenait notre entente. J’ai mis longtemps à comprendre qu’elle était exceptionnelle tant elle me paraissait naturelle. Mais c’est une autre histoire, toute notre histoire en fait.

D’autant plus durement se ressent son absence, ce vide que jamais je ne saurai (voudrais ?) combler. Je vis désormais avec ce creux au coeur qu’elle emplit tout entière.

Illustration : Gustav Klimt – L’espoir II, 1907-08