La vie c’est comme une bicyclette…
« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »
~ Lettre d’Albert Einstein à son fils Eduard, le 5 février 1930
« Avance ! Allez, Laure, vas-y ! Avance ! Va toujours de l’avant ! Même si tu vacilles et que tu penses être au bord de t’étaler, redresse-toi et accélère : tu verras, tu retrouveras ton équilibre ! », m’affirme mon Papa tout en donnant de l’élan à mon petit vélo blanc et argent.
Il n’est pas Einstein – dont je n’ai jamais entendu parler à l’époque – mais, beaucoup mieux que personne, mon Papa sait m’encourager et me donner confiance en moi.
J’ai déjà raconté comment, bien plus tôt, il m’a appris à nager (lire ici mon petit bout d’écrit « L’onde exquise » : https://etsijevousprenaisparlessentiments.blog/2021/08/15/londe-exquise/)
Cette bicyclette blanc et argent, c’est pour mon sixième anniversaire qu’elle m’a été offerte. Je la trouve absolument superbe ! Les vélos des grands, autour de moi, sont verts ou bleu foncé ou noirs, aucun ne me paraît aussi beau que mon vélo à moi.
« Pas besoin de petites roulettes : tu n’es pas un bébé, tu y vas directement ! Je cours à côté de toi, il ne peut rien t’arriver ! »
Et c’est à Pourgent, chez mes grands-parents paternels, que je me lance.
La route, devant la maison, est peu fréquentée. Le village s’étale dans la campagne, très étendu. On distingue le Haut-Pourgent, avec sa mairie et une petite école, et le Bas-Pourgent qui tient davantage d’un assemblage de multiples hameaux, dont celui où se trouve la minuscule église, dans le creux où coule la rivière.
Ici ou là, nichées dans la verdure, de très jolies propriétés… Piscines… Tennis… Presque partout nous sommes invités. Mes grands-parents connaissent bien la région. Pendant la guerre, mon Gramp’ a installé sa femme et ses enfants dans cette maison de campagne, lui continuant à travailler à Paris. Ma grand-mère faisait la classe à quelques garçons de l’âge de Papa. Beaucoup d’anecdotes de cette époque, que Papa raconte avec émotion ou amusement devant l’auditoire passionné de ses filles. Mais ce sont d’autres histoires, toute notre histoire en fait.
La maison de mes grands-parents se trouve à mi-hauteur, ni sur le plateau ni dans le creux. Et la route qui passe devant chez eux, entre un tournant en épingle-à-cheveux qui monte vers les hauteurs du village et, de l’autre côté, dévalant vers le lit de la rivière, une pente terrible — nous la descendons à pied le dimanche pour aller à la messe, mais dites, à bicyclette c’est différent ! —, la route est droite, en très légère déclivité, suffisamment longue pour m’offrir un terrain d’exercice idéal. Et je m’arrête pour faire demi-tour bien avant cette pente terrifiante.
Alors pour ce qui est de m’exercer, je m’exerce ! Papa court à mes côtés. Si je perds un court instant l’équilibre, il m’aide à le récupérer. Je comprends facilement comment me rétablir et me positionner et, bientôt, je file devant lui qui me poursuit sans s’essouffler, entrainé qu’il est par les parties de tennis.
Je n’ai pas le souvenir de gadins monstrueux, j’ai même l’impression d’avoir tout de suite très bien su me débrouiller.
Vient ensuite l’apprentissage de cette descente impressionnante. « Chaque chose en son temps, mais ce qui fait peur, autant l’affronter sans tarder », dit mon père. Une fois bien assurée sur le plat, me voilà, jambes tendues de chaque côté de mon petit vélo car, en l’absence de roue libre, les pédales continuent à tourner beaucoup trop rapidement, oui, me voilà qui ris de plaisir dans cette course folle. Pente qu’il me faut remonter à pied à chaque fois, en poussant mon vélo ; même en danseuse et en m’arc-boutant sur les pédales, je n’y arriverais pas.
Ces questions d’équilibre sont surprenantes.
À bicyclette j’ai très vite été à mon aise. Je monte comme un chef sur les échasses et les actionne sans me casser la figure. Je multiplie les prouesses en patin à roulettes. Je vais bientôt chausser des skis et, si par la suite je n’ai jamais excellé dans ce sport, je puis affirmer que je passe à peu près partout.
En revanche, allez savoir pourquoi, je n’ai jamais su tenir sur un skate-board !
Quant à la planche à voile, quelques années après, ce fut et c’est resté l’horreur : je passerai très vite sur ce sujet exaspérant car je ne peux citer une seule fois où je sois parvenue à me mettre debout… Immanquablement, les fesses en arrière je retombe à l’eau dans un grand plouf disgracieux. Et moi, émoi, j’en suis d’autant plus vexée que mes petites sœurs et mes jeunes cousins très vite maîtrisent la chose, eux.
J’en arrive à croire que je ne supporte pas que mes deux pieds soient immobilisés sur le même support. Il me faut pouvoir les bouger, indépendamment l’un de l’autre, je ne vois pas d’autre explication.
Et vous, la bicyclette et ces autres activités où l’équilibre est roi ? Des souvenirs ?

Illustration : Photo vintage, trouvée sur internet. Date et provenance non identifiées. Ce pourrait tout à fait être moi, sauf que moi j’ai les cheveux bouclés et pas de frange !
Ah, comme tu as si bien su évoquer cette époque où ton papa est là pour t’aider à maîtriser certaines techniques bien utiles dans la vie et souvent sources de bonheur et d’exploits aussi (toute mon histoire à moi aussi… 😉).
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