Elle était là, sa force. Et sa faiblesse aussi.
Elle portait dans les yeux la force de son cœur et le réseau de rides marquant ses paupières témoignait cependant d’une forme de faiblesse.
Elle ne s’en cachait pas. Ne cachait pas non plus les mèches argentées soulignant ses bouclettes.
Elle aimait beaucoup rire, riait d’aimer beaucoup. Oh, beaucoup trop sans doute. Ardente intensité, désirs exacerbés.
Elle pleurait souvent de déferlantes vagues, des mots-sillons ciblés aussi vite envolés qu’ils l’avaient envahie, vastes larmes de fond qui broyaient tout son être ou parfois l’exaltaient, et chaque sentiment ruisselant en son coeur avait creusé son lit, formant d’infimes rus, des fleuves intranquilles, de bouillonnants rapides sous les eaux dormantes.
Pleurs salés des marées intérieures, mélodies en sous-sol pleureur démarrées seule éplorée en do mineur et dos miné, scie facile des sanglots las réprimés et la gamme y est, mais le rire jamais-jamais, vif éclat jaillissant à la moindre idée farfelatique, justifiant l’oeil humide et cette réaction qu’elle appelait pleurire.
Et puis elle se souciait – oh, beaucoup trop sans doute – de tous ceux qu’en pensée, rêve ou réalité, nul ne saurait jamais, sur son cœur dévasté elle avait invités, tenus collés serrés, ce cœur bien trop immense, peut-être ridicule, beaucoup trop généreux, ce cœur tout mou tout doux et pourtant ferme encore, faible et fort à la fois. Des inconnus parfois, qu’elle n’oubliait pas. Et puis ses proches aussi, ses quelques essentiels, les vivants et les morts, certains déjà lointains. Car c’est la vie, c’est ainsi, souris ouistiti.
Et tous ceux qu’elle aimait, elle les aimait beaucoup. Oh, beaucoup trop sans doute, c’était sûr et certain, mais que signifie trop à qui ne sait doser et jamais non jamais ne cessera d’oser ?
Elle était là, sa force. Et sa faiblesse aussi.
📷 Laure Chevalier Sommervogel
Avoir du cœur… une charmante faiblesse !
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Merci d’être charmée. 💛
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