Quand les mots manquent
La femme qui a perdu son mari est veuve, l’homme qui a perdu son épouse est veuf, les enfants qui ont perdu leurs parents sont orphelins.
Je note qu’il n’y a pas de mot pour désigner un parent qui a perdu un enfant car autrefois, compte tenu de la mortalité infantile, c’était un état de fait si courant qu’il n’avait nul besoin d’être nommé.
Or, maintenant que cette constante s’est inversée, la perte d’un enfant – quel que soit son âge – est devenue si contraire à l’ordre des choses qu’aucun mot n’a été inventé entretemps pour désigner l’état de ses parents.
Dans un registre comparable, il n’y a pas de mot non plus pour désigner la personne qui a perdu son frère ou sa soeur.
Amputée conviendrait.
~•~
J’avais écrit ce texte en mars 2018. Et puis, à la lumière d’un événement tout récent et si douloureux, j’ai eu une inspiration…
Nous, les parents qui avons perdu un enfant, nous sommes désormais pèrphelin et mèrpheline.
Et si c’est un frère ou une soeur qui se sont envolés, alors nous pouvons nous dire frèrphelin ou soeurpheline.
Ces mots-valises sont, me semble-t-il, complètement et immédiatement compréhensibles, par tous.
~ Février 2023