Tu choisis sensible ou susceptible ?

Tu choisis sensible ou susceptible ?

J’ai le souvenir d’avoir fait des cocottes très décorées.
Sur chaque facette je dessinais des lignes en labyrinthe qui formaient un motif distinct mais devaient bien entendu se rejoindre d’une facette à l’autre quelle que soit la façon dont j’actionnais l’objet.
Ou alors je commençais par dessiner puis colorier l’intégralité des deux faces de la feuille avant le pliage, c’était toujours surprenant de voir le résultat.

On disait : « Combien ? » et, les doigts glissés dans chaque pointe de la cocotte, on ouvrait celle-ci dans un sens puis dans l’autre le nombre de fois indiqué, puis on la montrait à l’autre joueur en lui demandant : « Tu choisis quoi ? » – quelle couleur, quel dessin, ou bien quel chiffre si c’étaient des chiffres qui avaient été inscrits mais moi je n’ai jamais aimé les chiffres – et sous chaque facette on trouvait des actions bénéfiques (un bisou sur le bout du nez, un sourire angélique) ou maléfiques (un pincement, un tirage de cheveux), ou bien des phrases, énigmatiques parfois, censées être prémonitoires.

Les actions, je ne les aimais que bénéfiques et j’adorais me creuser la tête pour trouver des idées originales et drolatiques, penser à l’avance à la mine que feraient les joueurs, ahuris ou charmés, puis les voir mettre à exécution ladite action.

Je me rappelle avoir inventé quantité de phrases gentilles, des souhaits heureux, des assertions positives. J’étais impatiente de découvrir la surprise amusée qui s’éveillerait dans l’œil de ceux à qui je les offrais.

D’autres écrivaient sur leur cocotte des phrases pas sympa et moi, émoi, ça ne me plaisait pas, je détestais tomber sur une action maléfique ou une affirmation désobligeante. Ça n’avait rien d’agréable, je n’en voyais pas l’intérêt. À la limite c’était méchant. Enfin, quand je dis méchant… franchement pas très gentil, quoi. Question d’appréciation, toujours, et c’est tellement subjectif, ce que chacun exprime, ce que chacun ressent. Vaste sujet…
Enfin bref (j’adore ce mot).

Moi, les phrases pas sympa, je ne trouvais pas ça drôle. Je ne le montrais pas : aussitôt on m’aurait taxée de susceptibilité, on se serait moqué de moi.
Sensible, c’est une qualité ; susceptible, un défaut. Voilà qui me paraît indiscutable. Va-t’en maintenant faire la part des choses face à la critique.

Enfant j’ai vite appris à donner le change : à ce petit jeu-là suis devenue très généreuse.
Je souriais quand même. Riais quand cela s’y prêtait, apprenais ainsi à rire du rire des autres.
En réalité j’étais atteinte, perplexe souvent, peinée bien plus encore.
Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.

On n’oubliera pas qu’une cocotte en papier, colorée, décorée ou même toute blanche et plus ou moins grande suivant l’usage qui en sera fait, formera renversée un réceptacle parfait pour de bonnes petites choses, par exemple, pour animer un buffet.
On la déclinera en vide-poche original, en réservoir à trombones…
Les idées ne manquent pas.

Le jeu de la cocotte en papier, qu’on appelle aussi jeu du « combien t’en veux ? » ou salière, coin-coin, pouce-pouce, pouèt-pouèt ou encore cube magique, est un origami qui permet de jouer à la diseuse de bonne aventure.

Ci-dessous la notice de pliage… c’est enfantin.

Et vous ? Avez-vous joué à ce jeu-là ? Des souvenirs de gages originaux ?

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[Images : Pinterest]

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