On ne veut pas le savoir !
Un soir tard, il y a trrrrès longtemps, tout au creux de l’hiver, mon namoureux et moi étions en pleine ardente activité sous la couette conjugale – c’est pour ça que je me rappelle que c’était l’hiver – quand, juste à la hauteur de mon oreille, j’entends l’aîné de nos fils, environ cinq ans à l’époque, s’exclamer en rigolant (il rigolait tout le temps, celui-là, c’était et c’est toujours un bonheur ambulant… tous les trois d’ailleurs…) :
— Mais enfin, les parents, vous allez arrêter de faire les fous ou quoi ?
Je fais un saut de carpe tout en m’immobilisant, ce qui, techniquement parlant et sans entraînement préalable, relève de l’exploit et révèle cette souplesse particulière dont la nature m’a dotée. Ah, combien j’eusse aimé que mon caractère en bénéficiât tout autant… Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait, et je, hum, je diverge, je diverge, où en étais-je ? ah oui… Je récupère mon souffle et mes esprits avec une rapidité qui m’étonne encore aujourd’hui et parviens à lui répondre d’une voix tout ce qu’il y a de plus habituelle :
— Maizenfinvoyons, dis donc, toi… on a bien le droit de faire les fous si on en a envie, quand même ! Allez hop, mon petit cœur, c’est la nuit, va vite te recoucher dans ton lit bien chaud sur ton oreiller tout doux. Dors bien et à demain.
Le temps que je reporte mon attention sur mon namoureux qui, l’espace de ce rapide échange, était resté parfaitement coi – comme quoi… – nous réalisons tous les deux que l’intermède, pour bref qu’il ait été, l’a complètement, mais alors complètement privé de ses moyens.
Allez hop, dodo pour nous aussi, ça n’est que partie remise. Pas de quoi se frapper.
Quant au jeune intéressé, ça ne semble pas l’avoir perturbé outre mesure. Jamais il ne nous en a reparlé. Que ses parents s’amusent à faire les fous ne lui aura pas paru insensé.
Bref.
Du coup – si je puis dire –, par la suite, lorsque nous souhaitions avoir la paix, toujours nous pensions à fermer à clé la porte de notre chambre.
Puis, quand nos fils ont grandi, parfois j’annonçais à la cantonade, tout en précisant que nous apprécierions de ne pas être dérangés, que nous allions, leur père et moi, faire une petite sieste, crapuleuse éventuellement, et je me marrais en douce, facétieuse que je suis, en les entendant soupirer :
— Rhooo… ça va, c’est bon, Mom !
Ce à quoi je ne manquais pas de rétorquer :
— C’est bon ? Aaah… mais vous n’imaginez pas à quel point, mes petits chéris.
Hurlement d’horreur des trois non-concernés :
— Ah non, pas de détails ! On ne veut pas le savoir !
Limite dégoûtés.
M’enfin… ?!?
Comme si j’étais du style à en donner, des détails. Moi qui suis si réservée !
PS : J’avoue que je me suis un peu creusé la tête à me demander ce que j’allais bien pouvoir trouver pour illustrer ce petit bout d’écrit ; il me fallait du léger, du délicat comme moi. Recherche effectuée, je constate que les papillons y vont à reculons. Eux.
Non mais ça ne s’invente pas, je vous l’assure, voyez les photos qui suivent !
[Crédit photos : Pixabay]
Enfin, tout le monde sait bien que les parents sont des gens très sérieux ! Et que Maman, c’est pas la vierge Marie mais presque … 😉 😀
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Hahahaha… voilà : presque !! 😂
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L’avantage d’être papillon est d’avoir la certitude de ne pas pouvoir être surpris, interrompu et embarrassé par l’intrusion inopinée de l’une de ses progénitures au cours d’un transport amoureux..
Mais en revanche, la vigilance à l’égard de l’appétit des oiseaux justifie pleinement cette étrange position d’accouplement dite de la « sentinelle janusienne » par les manuels d’enseignement primaire des chenilles.
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😅😂🤣
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