Par hasard ou par organisation ?

Je suis dans le train. En face de moi un suuuuperbe jeune homme.
Il est scandaleusement beau. Et scandaleusement jeune.

Je le regarde en loucedé. En pensée, je suis littéralement bouche bée. Mais je me tiens, quand même.
Pfiou, ça donne des idées. Et ce trafic tout perturbé. Oui, le trafic. Enfin, de qui imaginez-vous que je parle ? Et ce train qui s’arrête tout le temps.
C’est… c’est énervant.

Tout d’un coup, sans prévenir, enfin, sans que du tout j’aie pu m’y attendre, le voilà qui se penche vers moi – c’est terrible, vous savez, un garçon aussi beau, ah oui, je vous assure, terrible-terrible :

— Pardon de vous déranger, Madame, mais est-ce que par hasard vous auriez un stylo, s’il vous plaît ?

Enlala… et bien élevé, en plus.
Tout ce que j’aime.

(Es)soufflée par tant de qualités cumulées, j’ai aussitôt plongé dans mon sac d’où j’ai tout aussi vite extirpé mon stylo.
Ah, c’est que je sais où se trouvent mes affaires dans mon sac.

Et moi, émoi, avec un grand sourire je le lui ai tendu. Sans un mot.
Quand je suis subjuguée, le sens de la repartie parfois me fait défaut.
Je reste coite. Ma fossette se creuse et cela suffit.
J’ai des yeux qui parlent pour moi, souvent on me le dit. Que voulez-vous, je ne peux pas les fermer en permanence, non plus.
Pas sur tout.

J’aurais pu, ooooh oui, j’aurais dû lui répondre, en donnant à ma voix ces inflexions caressantes dont je sais la parer :

— Pas par hasard, voyons. Par organisation…

Mais ce genre de truc, vous l’avez remarqué, c’est presque systématiquement après coup que l’on y pense. C’est tout de même concon d’avoir l’esprit d’escalier, toujours à louper une marche… « En descendant du train vous prendrez garde à l’espace entre le marche-pied et le quai. »
Étonnant que je ne me sois pas encore cassé la figure.
Enfin bref.

Je ne l’ai pas oublié. Je parle de ce non-événement.

Le beau jeune homme, lui, jamais je ne l’ai revu – quel regret – mais l’expression « Pas par hasard, par organisation », toujours je me suis amusée à la réutiliser.

L’organisation, ah, l’organisation… Vous ai-je déjà confié que mes soeurs m’appellent Laureganisationgénérale ? Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.

Et vous ? Avez-vous le sens de la repartie ? Des anecdotes ?

[Credit image : Pixabay]