Rose tardive éclose
Elle l’a pressenti, je pense : elle est la dernière de la saison, cette rose tardive éclose, la dernière qu’ici sans doute je verrai. Nous allons déménager. Les rosiers comme la glycine sur la terrasse resteront.
Je n’ai rien dit lorsque je l’arrosais, jamais, à quoi bon l’inquiéter si je ne peux la rassurer.
Mais je suis sûre qu’elle le sait.
Alors elle m’a sorti le grand jeu.
À elle aussi elle se la joue, je crois. Mais c’est une autre histoire, toute son histoire en fait.
La voilà pivoine multipliant ses pétales, elle se teinte de nuances inattendues pour accrocher les rayons pâles du soleil, se pare d’improbables crans qui frissonnent au moindre souffle d’air et son cœur épanoui palpite, dès que vers elle je me tourne, pour me sourire.
Ces roses-là sourient, ne le saviez-vous pas ?
Mais il faut les caresser du regard pour qu’elles s’en trouvent encouragées.
Elles ne se livrent pas au tout premier coup d’œil, qu’alliez-vous donc imaginer ?
Elle est incroyablement belle et touchante, la dernière rose de ma terrasse.
Je peux vous la décrire pour en offrir une évanescente idée.
Mais son parfum de fin d’été, c’est à moi qu’elle l’a réservé.
[Credit photos : L.C.S.]