J’aime / Je n ‘aime pas

J’aime / Je n’aime pas

Dans un cadre d’expression littéraire m’a récemment été proposé le classique exercice des « J’aime / Je n’aime pas ».

Ils furent si nombreux et combien plus illustres à s’y prêter avant moi, je ne saurais tenir la comparaison, j’ai pourtant trouvé un plaisir certain à rédiger cette liste hétéroclite que je vous livre aujourd’hui.

M’y retrouverez-vous, m’y découvrirez-vous ?

~•~

J’aime vivre. J’aime rire. J’aime écrire et j’aime partager. J’aime mon mari et mes enfants. J’aime ma famille mais pas les tensions. J’aime mes souvenirs, les heureux et les tristes puisqu’ils m’ont construite. J’aime l’instant présent. J’aime être devant la mer, sous le soleil exactement. J’aime la tendresse, les bisous et les caresses. J’aime la douceur, la précision, j’aime le grand frisson. J’aime reprendre mes esprits. J’aime les garçons bien élevés qui me tiennent la porte, qui devant eux me font passer. J’aime être bien guidée. J’aime la distinction, la bonne éducation, mais davantage encore l’intelligence du cœur. J’aime qu’on sache reconnaître ses torts. J’aime les remises en question, les prises de recul, les mises en perspective, celles qui font progresser. J’aime agir en toute connaissance de cause et puis sans réfléchir. J’aime considérer la portée de mes z’actes, j’aime moins mesurer l’étendue des dégâts. J’aime la fidélité à ce que je m’étais promis. J’aime les nuages et leurs formes mouvantes. J’aime la nature et la contempler. J’aime le travail bien fait et les choses rangées. J’aime la simplicité un rien sophistiquée. J’aime la musique, faire la fête et teeeellement danser. J’aime les lendemains qui chantent. J’aime le bruit de la pluie sur les carreaux. J’aime conter fleurette, j’aime les pâquerettes. J’aime être une midinette avec mon cœur et mes bouclettes. J’aime les bébés. J’aime leur odeur aigrelette et leur duvet si doux. J’aime sourire aux gens que je croise, et même aux inconnus, et même dans la rue. J’aime bien qu’une place se libère tout de suite. J’aime retrouver mon auto sans avoir à la chercher pendant dix minutes. J’aime comprendre, j’aime apprendre, j’aime quand ça va vite. Mais pas toujours. J’aime qu’on m’en bouche un coin. J’aime être émerveillée, j’aime être édifiée. J’aime être un peu perchée. J’aime qu’on m’encourage. J’aime qu’on me dise qu’on m’aime. J’aime ne rien perdre pour attendre. J’aime piquer des fous-rires mais toujours je les rends. J’aime de plus en plus me fier à mon intuition. J’aime les jeux de mots, les paréidolies. J’aime les mets exquis, oh et puis le champagne, ça oui, à la folie.

Je n’aime pas le vide. Je n’aime pas l’absence, je hais l’indifférence. Je n’aime pas avoir peur. Je n’aime ni les prises de tête, ni les prises de bec, ni les prises électriques. Je n’aime pas qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas. Je n’aime pas me prendre au sérieux. Je n’aime pas les cris, sauf les hurlements de joie. Je n’aime pas les injures. Je n’aime pas qu’on m’emprunte un truc sans me le demander. Je n’aime pas les miettes. Je n’aime pas qu’on m’en laisse. Je n’aime pas la désinvolture. Ni les mauvaises excuses. Ni les mauvais joueurs. Ni les mauvaises odeurs. Je n’aime pas le mauvais goût. Je n’aime pas les toilettes endimanchées, je n’aime pas les toilettes sales. Je n’aime pas les collants filés. Je n’aime pas ce qui est en trop, je n’aime pas ce qui n’est pas net. Je n’aime pas les jeux société. Je n’aime pas perdre tout espoir. Je n’aime pas être à court d’argument. Je n’aime pas que ma batterie soit à plat. Je n’aime pas sursauter au moindre bruit. Je n’aime pas les exercices imposés, je n’aime pas les temps donnés, je n’aime pas marcher dans les sentiers battus. Je n’aime pas le Schtroumpf râleur (mais si… en vrai, je l’adore). Je n’aime pas les râles incertains. Je n’aime pas avoir mal, mal au cœur et mal aux autres. Je n’aime pas les gens qui se la pètent, je n’aimerais pas que l’on me prît pour l’un deux. Je n’aime pas le va-comme-je-te-pousse. Je n’aime pas me coller là et me taire. Je n’aime pas le laisser-faire. Je n’aime pas le laisser-aller, je n’aime pas trop lâcher prise sans savoir où je vais me rattraper. Je n’aime pas me fondre dans la masse. Je n’aime pas saouler mon entourage. Je n’aime pas qu’on pense savoir mieux que moi ce que je ressens. Je n’aime pas avoir l’impression de passer pour une idiote. Je n’aime pas le cri du loup, seul, si seul le soir au fond des bois. Je n’aime pas les cris, je l’ai dit, je crois. Je hais l’indifférence. Je n’aime pas être serrée dans mes souliers, je n’aime pas être serrée dans le métro. Je n’aime pas les fins de soirée. Je n’aime pas rentrer. Je n’aime pas tout le temps être sage. Je n’aime pas être raisonnable. Je n’aime pas me conformer. Je n’aime pas me résigner. Je n’aime pas du tout vieillir. Je n’aime pas me dire que tout ce que j’ai aimé aura une fin. Je n’aime pas les fins. Point.

~ Mai 2017

Illustration : Le Chat de Philippe Geluck

8 réflexions sur “J’aime / Je n ‘aime pas

  1. Bonjour Laure……….c’est toujours avec plaisir que je me promène par ici…que je me délecte de tes écrits…….il m’arrive de penser que Toi et Moi sommes connectées….Merci pour ce texte inspirant…je t’embrasse………porte toi bien Laure.

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