Un trop-plein de beauté
Le syndrome de Stendhal
Connaissez-vous cet état dans lequel un trop plein de beauté serre le coeur, coupe le souffle, donne le vertige jusqu’à faire perdre l’équilibre et se sentir presque au bord du malaise ?
Lorsque nous contemplons un paysage enchanteur, lorsqu’une musique ou des sons parfois ténus nous touchent d’une manière indicible, lorsque nous découvrons une œuvre d’art dont la splendeur nous subjugue et nous éblouit, un extrême émoi s’empare alors de nous, des sensations paroxystiques nous envahissent qui conduisent parfois au malaise, celui qui survient quand les émotions nous terrassent : ce sont les manifestations du syndrome de Stendhal.
C’est arrivé au célèbre écrivain français au cours d’un voyage à Florence en 1817 et à un tel nombre de touristes en visite dans cette ville que le phénomène a attisé la curiosité de la psychiatre italienne Graziella Magherini. Jusqu’en 1989, elle recense ces étonnants cas médicaux avant de les regrouper sous le nom de syndrome de Stendhal, en référence à l’auteur qui, dans son roman Rome, Naples et Florence publié en 1826, décrit parfaitement l’état émotionnel qui le submerge alors qu’il sort de la basilique de Santa Croce à Florence :
« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent des sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »
Le romancier américain Henry Miller le décrit, lui aussi, dans Tropique du Capricorne paru en 1938.
D’autres témoignages de provenances diverses :
« Pour moi le syndrome de Stendhal c’était de l’ordre de la fiction. Je n’aurais jamais cru qu’on puisse vivre cela. Et c’est ce que j’ai vécu. Un sentiment de trop de beauté. J’étais épuisé par cette beauté en continu. »
« Ça a duré deux secondes, mais dans mon cœur ça a duré très longtemps. J’étais à la fois totalement moi-même, avec moi-même, et non envahie du moi-même qui n’est pas intéressant. »
« Là, franchement, je peux avoir la gorge qui se noue, le rythme cardiaque qui s’accélère brutalement… et les yeux écarquillés. Oui, c’est une explosion. Un spasme, entre la joie et la douleur. Ça chauffe le cœur. Ça m’a foudroyé et j’ai crié. »
Et moi ?
Et moi, émoi, j’ai le cœur qui s’emballe. Mes yeux s’emplissent de larmes. Je suis étreinte. Sensation de bonheur, de plénitude, de complétude, une connexion qui s’impose et transcende. C’est une variante plus intense encore de l’émerveillement.
Un autre mot vient bien sûr à l’esprit : je pense que l’on peut parler d’orgasme esthétique.
📷 LaureChevalierSommervogel – Lac de Côme, juillet 2015
Je ressens un sentiment de bonheur immense quand je regarde l’océan, tout près de chez moi, comme un moment irréel…. la mer et le ciel à l’horizon…
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Oh oui ! L’Océan… toujours. Le mouvement des vagues bien sûr. Le dégradé des couleurs dont l’eau se pare. Et les rayons du soleil qui percent les nuées et forment des flaques d’argent à la surface des flots. Beauté saisissante !
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