Le temps passe, le temps passe…

Le temps passe, le temps passe…

Le temps du jour est parfois à la tristesse. Passent les anniversaires. Nostalgie d’un passé qui ne reviendra pas.

Même quand le ciel est chargé, j’y trouve toujours un petit coin de bleu, au moins un point lumineux, et je ne le quitte pas des yeux.

Aujourd’hui 28 septembre Guillemette dans mon cœur a, allez, disons t’huit ans – comme moi en fait, quand au fond l’âge ne revêt plus tant d’importance.

Le temps passe, le temps passe.

Dis donc, ça commence à devenir sérieux, c’t’affaire ! Bravo ma petite vieille, c’est ta grande vieille qui parle et je te prierai de bien vouloir m’écouter, non mais.

Nous rigolions toujours toutes les deux ce jour-là car alors nous n’avions plus à l’énoncé que deux ans d’écart, jusqu’à mon anniversaire à moi, en juin, où ça remontait à trois.

Ainsi comptions-nous l’une sur l’autre.

Le temps passe, le temps passe.

Non mais, tu te rends compte ? Nous sommes des dames maintenant !

Eh oui… et alors ? Je ne vois pas du tout en quoi ça nous empêcherait de continuer à nous gondoler en nous comportant comme les deux petites filles que nous étions il y a encore si peu de temps. Ces deux petites filles soudées et complices que nous sommes restées l’une pour l’autre en grandissant, en vieillissant. Même happées chacune à sa façon par les circonstances de nos vies respectives. Mais c’est une autre histoire, toute notre histoire en fait.

Le temps passe, le temps passe.

Comme moi, des rides, on va dire fines, j’aime à croire que tu en as davantage. Autour des yeux, autour du sourire aussi. Les miennes se sont accentuées avec les coups durs et les chagrin, c’est tout à fait normal. Mais les rides on s’en fiche. Les rides, c’est beaucoup d’amour donné, les inquiétudes, pour ne pas parler des angoisses pures et dures, et puis les joies qui vont avec. Et c’est tellement de rigolade, ah oui, nos rigolades, nos belles et franches rigolades.

Au creux de mon cœur nos rires résonnent et je me rappelle, je me rappelle.

À l’appel les souvenirs répondent, ils abondent – à la pelle évidemment. La mémoire est une ressource extraordinaire : pas besoin de chercher loin, tout est là… tellement vivant, tellement vivant justement. Présent, même si c’est passé.

Le temps passe, le temps passe.

Alors heureux anniversaire à toi, ma sœur aimée, de la part de ta sœur aînée ! Toi qu’aujourd’hui plus que jamais j’aurais tellement aimé embrasser très fort et très tendrement.

Chaque année, je te l’aurai souhaité, sans jamais oublier, sans jamais rien oublier.

En pensée ça marche aussi. Pas tout à fait pareil et même très différent, mais l’amour est toujours là. L’amour, c’est de l’énergie, et l’énergie se transmet. Tout simplement. Si simplement.

Le temps passe, le temps passe.

J’égrène les mois. Et moi sans toi, émoi sans toi, force ou faiblesse m’est de le constater tout bien considéré : je ne me fais pas à ton absence.

C’est ainsi, c’est la vie, souris ouistiti, avais-tu coutume de dire, souvent en rigolant, l’alarme à l’oeil noyant ton regard si bleu, si malicieux, brillant de tendresse.

Tu vois, c’est sûrement ce qui me manque le plus : ton humour toujours, ta tendresse, absolue, inconditionnelle, et le réconfort que tu m’apportais dans les moments compliqués. Ce que j’ai fait pour toi, moi, je le sais ; je le sais et je le tais. Cela m’est une très grande consolation et m’aide, un peu, à supporter l’indicible.

Le temps passe, le temps passe.

Continue, s’il te plaît, à venir chuchoter à mon oreille aux moments où je m’y attends le moins : la surprise de si bien reconnaître ta voix et l’émotion induite sont un enchantement qui vient alléger ma tristesse.

Le temps passe, le temps passe.

Depuis tout ce temps  – bientôt onze ans – que tu as fichu le camp, la vie poursuit son cours, un cours plus ou moins tranquille. Parfois tumultueux.

On fait aller, dit l’expression.
Et comment va-t-on quand on ne peut plus ?
Mais voyons, on laisse aller, on laisse couler, disais-tu.

Moi, sans toi, je ne coule pas.
Mes larmes, je les ravale et je vais, bancale.

📷 ©LaureChevalierSommervogel

2 réflexions sur “Le temps passe, le temps passe…

  1. Bon anniversaire à elle, qui t’est si chère à jamais …

    Avec toi, je suis, en ce moment, triste aussi, même si, dit-on, la vie doit continuer … La vie, peut-être, une autre vie, sans nul doute …! Amitiés

    Philippe

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