Figure de style
Passe sous mes yeux extasiés – je m’extasie d’un rien, dirait toute songeuse, l’air rêveur, la raveuse que je n’suis pourtant point – ce graphique que je trouve excellent… dans l’idée, car en réalité, comme on le verra dans la suite de cette histoire, je ne l’ai même pas déchiffré…
Je le montre à mon plus jeune fils, en me tordant de rire. Il me regarde, interrogateur, vaguement perplexe. J’insiste :
— C’est drôle, non ? Euh… Tu as compris ce dont il est question ?
Il me répond succinctement :
— Bah non.
Je rétorque :
— Mais voyons, c’est cette tirade super connue, je ne me rappelle que le début : « Nous partîmes je-ne-sais-combien – les chiffres et moi, ça ne s’arrange pas ! – et par un prompt renfort, blablabla. » Allez, tu l’as forcément apprise en classe, non ?
Lui :
— Bah non. Non, je pense que non. Attends…
Il jette un nouveau coup d’oeil au graphique et, en moins de deux, me fait cette réponse :
— Bon bah, écoute, c’est facile : Nous partîmes cinq cents et, par un prompt renfort, | Arrivâmes trois mille quand nous fûmes z’au port. Voilà.
Et moi, éperdue d’admiration pour mon rejeton qui n’est pas la moitié d’un, d’un stupide garçon, stupéfaite j’en suis restée muette…
—•—
Pour rappel éventuellement nécessaire, le texte exact de Corneille est :
Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort, | Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.
~ Pierre Corneille, Le Cid, acte IV, scène 3
—•—
Quant à cette vélocité intellectuelle qui toujours m’impressionne, elle porte un nom savant, c’est la rapidité de traitement cognitive. La sienne me bluffe, m’a toujours bluffée, moi qui suis du genre à piger très vite pourvu que l’on m’explique longuement. Et encore, pour les chiffres, ce n’est pas gagné. J’exagère, oui, je sais. Un poilichou. Madame Toomuch vous salue bien.
Je suis bouchée du chiffre. C’est ainsi. Les graphiques sont souvent pour moi complètement hermétiques… ça ne me « parle » pas du tout, même si c’est visuel. J’ai la comprenote qui coince, là-haut. Oh, peut-être est-ce une question de flemme, ou un blocage, allez savoir. Mais c’est une autre histoire, toute mon histoire en fait.
Mes fils, eux, sont plutôt agiles de ce côté-là. Ils doivent tenir cela de leur père.
~ 12 mars 1921
Extasié moi aussi, qui connaissait le vers de Corneille, et la suite, bien sûr … Tant rabâché ! Mais cette lecture d’un graphique, superbe, je dois dire, mais quand même, me laisse étonné et perplexe ..! A suivre avec la plus grande attention ! Ton fils, bien sûr … !!
Bises …
Philippe
J’aimeAimé par 1 personne
I loved reading your post about the graphic that you found excellent, but couldn’t quite decipher. It’s funny how we can appreciate something for its design, even if we don’t fully understand its purpose. I can completely relate to showing something to someone else and then realizing that neither of us knows what it means.
My question for you is, do you think it’s possible to appreciate art and design without fully understanding it? Or do you think that understanding the meaning behind it is crucial to appreciating it fully?
J’aimeAimé par 1 personne
Well, i am really sorry but i write my text in French, and the graphic is about a vey famous French poetry, so it is quite impossible to translate it into English.
Writing is of course a form of art, but i think it not possible to appreciate it if you do not understand the language and if there is no translation available.
Your question is very interesting but i am denfinitely unable to answer to it into English and I do apologize for this.
J’aimeJ’aime